vendredi 23 août 2019

S'approprier des connaissances

Il y a quelques jours, nous nous sommes une nouvelle fois retrouvés en présence de Charles Quint. Nous l'avions rencontré plusieurs années auparavant dressant sa couronne impériale au-dessus des conquêtes de Pizarro et du triste destin des Incas. A ce moment-là, Lutin avait façonné un petit panneau d'exposé avec les informations essentielles concernant le descendant Habsbourg. Je me souviens qu'à ce moment-là, il aimait découper les lettres dans des matières différentes et que le souci de clarté, de lecture par l'autre, de visibilité que j'essayais de lui soumettre était le cadet de ses soucis. En vérité, il ne m'entendait même pas.



Donc, nous revoici face à face avec le fameux opposant de François 1er. Je suppose alors que nous n'allons que vérifier ensemble s'il reste quelques souvenirs de notre précédente rencontre puis passer à autre chose. Je précise que la répétition a toujours représenté la plus horrible des atroces souffrances que l'on peut infliger à un apprenant.

Je fus un peu surprise quand le Lutin voulut (sur-le-champ s'il vous plaît) ressortir son ancien exposé. Mais en fait, "super, bonne idée de revoir ce que tu as fait !" Et là, je tombe des nues, enfin de la chaise, à sa réponse "je vais le refaire".

Le refaire ? Mais pourquoi ? se dit ma tête étonnée. Il y a des tonnes de sujets à aborder, on ne peut pas dire que l'on avance à pas de géants, il déteste la répétition et en plus, il a retenu l'important. Pourquoi avoir envie de refaire un sujet/une présentation ? Parce que c'est une démarche d'appropriation.

Nous côtoyons tous des tas d'informations, des tas de connaissances. Certaines ont été recherchées par notre esprit curieux, d'autres imposées par un système ennuyeux. De celles que nous avons apprécié pour diverses raisons, une partie est restée avec nous, dans un coin, une autre s'est effacée plus ou moins rapidement. Une sélection due au traitement de l'information en question. Peut-être nous sert-elle souvent ? Nous semblait-elle nécessaire pour un but lointain ? Ou l'avons-nous croisée maint fois ?
Mais nous avons tous aussi des connaissances dont nous ignorons la provenance et/ou pourquoi nous nous en souvenons encore. A priori, on ne s'en sert jamais, on en parle rarement, et pourtant c'est là quelque part à sortir de sa boîte une fois dans la décennie. Dans le même genre, c'est l'information minime que l'on retient alors qu'on oublie le pavé si important. Pourquoi retenir celle-ci ? Parce qu'elle nous accroche quelque part. Par l'émotion (souvent), par l'imagination (régulièrement) et par l'alliance des deux à différents dosages (l'association d'idées, l'image drôle et décalée, la visualisation…) A partir du moment où cette info passe par ce circuit-là, on la fait sienne.

Et voilà le phénomène auquel j'ai assisté chez mon Lutin. Je ne sais pas pourquoi ce fut Charles Quint ni pourquoi ce fut à ce moment-là. Mais je sais qu'il a choisi une nouvelle feuille, qu'il a sélectionné à nouveau des informations à noter, qu'il voulait changer la présentation pour qu'elle corresponde à ses envies de maintenant.

Sur son chemin, il a rencontré Charles Quint et il a choisi de l'emmener avec lui. Il se l'est approprié. Il y a de fortes chances que ce personnage demeure fort longtemps dans un coin de son esprit. (Bonjour la compagnie ! Enfin chacun fait comme il veut, hein !)

Réfléchissez-bien, je suis sûre que cela vous est arrivé à vous aussi...

mardi 20 août 2019

Organisation 2019-2020

Le grand mot de cette rentrée est SIM-PLI-FI-CA-TION !
Terminées les journées découpées en petits tronçons. Cette organisation, tirée en grande partie de la pédagogie de Charlotte Mason, a fait ses preuves chez nous. Il est utile pour un jeune enfant de varier les activités, d'alterner les sections d'oral et d'écrit afin de maintenir l'attention, d'éviter la fatigue. Je pense même que cela peut convenir à des grands.

Pour nous, en revanche, c'est la fin. Quand les apprentissages formels se sont révélés un peu plus laborieux à mettre en place et à respecter, le découpage en courtes séances, cette diversité proposée, c'est transformée en impression de surcharge. Trop de changements au cours d'une journée. Trop de matières différentes qui n'étaient plus de courtes séances facilitant l'entrain mais l'impression de plier sous la quantité. Comme quoi, tout change…

Du coup, cette année, nous nous lançons dans un rythme basique. Sur le papier : 4 fois 4 heures de travail coupées en deux sessions de 2 heures, et 2 fois 2 heures. Mais c'est énorme me direz-vous ! Hein ! Bah, en fait, non.

En théorie, nous obtenons ainsi le nombre d'heures approximatif du collège. En réalité, nos quatre journées et nos deux demi-journées permettent de poser le nombre d'heures indiqué pour chaque matière tandis qu'au moins une de nos journées est occupée chaque semaine par des sorties, des visites, des ateliers, des balades entre amis…                                                                                            De plus, adopter des horaires types ne bride en rien ce que nous ferons à l'intérieur de ces laps de temps. Et, quand on commence à créer, manipuler, cartographier, le temps passe sans que la matière visée avance. Découvrir à sa manière prend du temps. En tous cas, chez nous. Autant le prévoir sur le calendrier.

A l'intérieur des journées de quatre heures, une coupure de deux heures est prévue le midi pour déjeuner, faire de la cuisine ensemble et selon les jours, du jardinage, du ménage ou de la marche. Oui, je fais partie de ces horribles mamans qui pensent que jardiner ou marcher sont de bons moments en extérieur, que cuisiner est une compétence nécessaire et que le ménage est plus sympa à deux. Surtout depuis que l'un des deux à oublier cette joyeuse période de l'imitation et de l'aide spontanée. Si vous voyez ce que je veux dire, chers parents d'ados…

Les matières sont réparties par créneaux d'une heure par simplicité sur le papier aussi, sachant que je ne regarde jamais en fonction de la durée. J'aurais horreur d'interrompre une activité pour bêtement passer à la suivante "parce que c'est l'heure" et qu'il m'importe que le rythme du Lutin soit respecté donc il avance lentement ou rapidement et quand une chose est aboutie, on peut regarder vers quelle matière suivante se tourner.

Nous allons tester cette organisation et voir si elle correspond mieux à l'humeur de notre apprentissage à la maison. Je détaillerai peut-être davantage chaque matière en fonction de ce que nous ferons. Par exemple, même en Français de niveau collège, nous gardons la lecture-narration qui est devenu un réflexe de partage et de compréhension. Le Lutin lit plus souvent qu'à mon tour désormais mais enchaîne tout de même aussitôt par sa reformulation. Une pépite de Charlotte Mason que nous ne lâcherons pas !

 Et chez vous, le planning est-il fixé ?